24-07-1910 Sur la Moulouya, combat de Moul-el-Bacha

Akhbar : journal de l’Algérie 24-07-1910

Sur la Moulouya

Gue de Moulouya

Une dépêche d’Oudjda, datée du 15 juillet, fait connaître les conditions du combat de Moul-el-Bacha : On vient d’apprendre avec la plus grande surprise qu’un engagement s’est produit à proximité de la Moulouya, sur la rive droite, entre nos troupes et des contingents marocains. Rien ne faisait prévoir un incident quelconque ; les tribus nous étaient très favorables, se montraient même heureuses de la sécurité que nous leur apportions. Mais, sur la rive gauche de la Moulouya, des Marocains turbulents, les Béni bou Yahi, ont préparé discrètement un coup de force, et après avoir franchi le. fleuve, ont entamé lé combat. Voici’ les détails qu’on a pu recueillir sur cette affaire : La colonne de Taourirt, en mission de police sous les ordres du lieutenant-colonel Féraud, avait détaché une reconnaissance pour aller visiter le gué de Moul-el-Bacha, sur la Moulouya, gué assurant les communications avec la région des Kebdana et Melina. Cette reconnaissance devait être rejointe à Moul-el-Bacha par un détachement venu de Taforalt, poste des Béni Snassen.

Les populations situées dans notre zone d’influence avaient fait un excellent accueil à nos soldats. Cependant, dans la matinée du 12 juillet, apparurent sur la rive gauche du fleuve des groupes de Beni bon Yahi manifestement hostiles. Les chefs indigènes marocains dévoués à la cause française qui accompagnaient nos troupes de police et notamment Si Tayez Bouamama, se sont aussitôt portés au-devant de leurs coreligionnaires pour leur faire comprendre que les Français n’avaient aucune pensée agressive, ne voulaient pas franchir la Moulouya et venaient simplement reconnaître les gués conduisant aux marchés d’El-Aïoun Sidi-Mellouk et de Taourirt, envoie de création et destinés à assurer l’essor commercial de la région. Ces chefs ont été mal accueillis et ont, dû s’en retourner.
Presque en même temps un important détachement de Beni Bou Yahi, qui avait traversé la Moulouya en aval du gué, arrivait en vue de notre camp en formation de bataille et ouvrait le feu sur nos troupes. Celles-ci ripostèrent aussitôt et le combat s’engagea vigoureusement. Il se poursuivit avec acharnement durant une partie de l’après-midi et se termina par la retraite, des assaillants cruellement éprouvés par la fusillade de notre infanterie et la mitraille de nos canons.
Les Beni bou Yahi n’ont pas laissé moins de 53 cadavres sur le terrain.
Malheureusement nous avons éprouvé de notre côté des pertes assez sensibles : onze morts, dont cinq légionnaires, cinq tirailleurs et un spahis ; quarante-trois blessés, dont vingt-cinq assez gravement. Deux officiers figurent parmi les blessés mais ils n’ont pas été atteints très sérieusement. La conduite de notre petite colonne a été admirable ; elle a résisté à l’assaut impétueux des Beni bou Yahi avec une énergie, un sang- froid et un courage qui n’ont nas faibli une : seconde, et elle leur a infligé une sévère leçon qui, sans, doute, leur enlèvera toute tentation de revenir se battre. Cependant, nar mesure de , prudence, elle est restée à Moul el Bacha, surveillant tout retour offensif des agresseurs.
Le général Lyautey se trouvait à Moul el Bacha au moment même du combat. Toutes les précautions militaires que commandait la situation ont été prises pour assurer la sécurité de nos postes et leur stabilité.

Au Maroc
Beni Bou Yahi
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