1916 Le Journal. La Légion étrangère Une phalange heroïque

On vient do reconstituer la légion étrangère avec des éléments de l’ancienne légion et avec les survivants des volontaires de toutes nationalités qui, depuis le début de la guerre, luttent pour la France. N’est ce point le moment de rappeler le rôle admirable joué à nos côtés, dans ce duel gigantesque, par ces nobles amis de notre pays ? Car ils furent légion, légion étrangère, si digne pourtant d’être proclamée française.

L’élan sublime

Dès les premières nouvelles du conflit devant la mauvaise foi germanique, puis devant l’agression brutale, les amis de la France tressaillirent d’indignation, brûlèrent de prendre les armes. Dès le 1″ août, la veille de la mobilisation, l’on comptait 3,000 enrôlements volontaires.

Depuis ce jour jusqu’au 20 août, date fixée pour recevoir officiellement les engagements, l’élan ne s’arrête plus. Les réunions succèdent aux réunions, les manifestations aux manifestations. Chaque jour, sur les boulevards, défilent des groupes do volontaires — qui ne s’en souvient ? — drapeaux flottant, chantant la Marseillaise et criant : “Vive la France ! ” Ils ont signé, joyeux, leur enrôlement :
Italiens (8,000), électrisés par l’exemple des fils de Ricciotti Garibaldi ;
4,500 Suisses, enfants d’une terre de liberté ;
Slaves, Russes (près de 4,000),
Polonais, certains de trouver dans nos rangs des âmes fraternelles ;
Alsaciens Lorrains, impatients d’entendre sonner l’heure de la délivrance ;
Tchèques, jaloux de secouer le joug abhorré de l’Autriche ;
Arméniens et Syriens, que nous défendons depuis des siècles contre la barbarie ottomane ;
Canadiens, de sang français ;
citoyens des Etats-Unis, qui se souviennent de La Fayette ;
Anglais, Belges et Serbes, qui veulent se battre tout de suite contre les Huns soudain réveillés d’un trompeur sommeil de civilisation ;
Roumains, devançant le geste national ;
Luxembourgeois, outrés de la violation de leur petite patrie;
Espagnols, décidés à ne pas rester neutres;
Grecs (300), fidèles ceux-là aux traditions de l’Hellade ;
tous luttent d’enthousiasme et d’ardeur, tous réclament des armes, veulent partir sans retard, voler au secours de la France envahie.

Il vient même, par un calcul retors ou par un dégoût sincère d’appartenir à une telle famille, il vient un millier d’Allemands et plus d’un millier d’Austro-Hongrois. Et le 21 août, sur l’esplanade des Invalides, spectacle inouï, inoubliable, éternel honneur du prestige français, 20,000 étrangers défilent ‘devant nos généraux et semblent dire à la France comme les gladiateurs antiques à César : Ave, Gallia, morituri te salutant.

Leur part de gloire

Combien sont revenus de ceux qui partirent, ce jour-là, ivres d’enthousiasme et d’espoir ? On ne sait. Ce qui est certain, c’est qu’ils furent de tous les combats. Les volontaires étrangers ne vont pas dans les tranchées. Ils cantonnent en attendant, selon leur vœu, qu’on les lance à l’attaque. Ils sont donc de toutes les chaudes affaires, ainsi qu’en témoignent les citations à l’ordre de l’armée des 2me bataillons de marche des 1er et 2* régiments étrangers qui ont droit au port de la fourragère, et de nombreuses citations individuelles.
Parmi les morts glorieux de cette phalange héroïque, rappelons-nous toujours les petits-fils de Garibaldi, Bruno et Constantin ; le radiologiste polonais Jean Danysz, ancien assistant de Curie, chef de l’Institut radiologique de Varsovie, qui, au début de la guerre, vint se ranger sous nos drapeaux ;
Chapman, l’aviateur américain dont on apprenait récemment la fin sublime ;
Allan Seeger, son digne compatriote, un des poètes éminents des Etats-Unis ;
Hernando de Bengœchea, écrivain colombien renommé, dont la Grande Revue vient de publier des lettres émouvantes.

De nombreuses et brillantes citations qui récompensèrent l’intrépidité des légionnaires étrangers, il faut retenir celles dont furent l’objet Kahraman Nazar Aga, fils de l’ancien ministre de Perse à Paris et
le poète javanais Arthur Knaap.
Mais tous, connus ou- inconnus, furent à la peine. Tous doivent être à l’honneur.

Au mois de mai dernier, flous disait M* Emile Jennissen. qui fut, à Liége, un des fondateurs des Amitiés françaises, et qui en est le secrétaire général, les volontaires étrangers, défalcation faite des Belges, des Italiens, des Anglais et des Grecs qui avaient dû rallier leurs armées respectives, formaient encore une belle cohorte comprenant beaucoup de Suisses et de Luxembourgeois, 400 Roumains, 200 Arméniens, une centaine d’Espagnols, autant de Russes et d’Américains. Ils combattent toujours sans se lasser, sans regarder ceux qui tombent et possédés de l’unique désir de voir la France victorieuse. N’oublions pas cela.
N’oublions pas ces hommes qui nous ont fait si noblement le sacrifice de leur vie.

RENÉ Babjean

Hernando de Bengoechea


Hernando de Bengoechea
Born 1889 Paris, France
Died May 1915 (aged 25–26)
Artois, France Occupation Poet
Nationality Colombian French
Hernando de Bengoechea (1889 – May 1915) was a French-Colombian poet who was killed in the First World War.
Born in Paris to Colombian parents, he was a literary figure of the Belle Epoque. When war broke out in August 1914, he volunteered to fight and was soon incorporated into the French Foreign Legion. He was killed during the Artois offensive in May 1915. Partly because he had chosen to adopt a Colombian passport over a French one, Bengoechea’s death was widely reported and mourned in Colombia.[1

Although fluent in both Spanish and French, Bengoechea wrote mainly in French. His poems are available in a volume entitled Les Crépuscules du matin. He left around forty letters from the front, which dealt with subjects such as life in the trenches, his love of Paris, France, and the French language, his desire to maintain an intellectual life in spite of his harsh circumstances, etc. The main recipients were his mother, his brother Alfred, his sister Elvira, the brothers García Calderón, his best friend Diego Suárez Costa, Baroness Renée Franchon, Countess Moltke-Huitfeld, etc. One of his correspondents was Jose Garcia Calderon, a young writer of Peruvian origin, who also died in action, a year after Bengoechea’s death.

Hernando’s elder brother, Alfred de Bengoechea, a poet and translator, published his letters after the war, in a volume entitled Le Sourire de l’Ile-de-France : Essais et poèmes en prose, suivis des Lettres de guerre, 1914–1915. This book, illustrated by E.-A. Bourdelle, appeared in 1924.

© Copyright | NLLegioen | All Rights ReservedPowered by Crossing Over